La respiration est l’un des mouvements les plus automatiques du corps humain, mais aussi l’un des plus susceptibles d’être altérés par la douleur, le stress ou une pathologie respiratoire.
Chez de nombreux patients, la dysfonction respiratoire ne provient pas uniquement d’un problème pulmonaire, mais également d’un mauvais contrôle musculaire.
C’est ici que l’électromyographie de surface (EMG) entre en jeu : un outil qui te permet d’évaluer, en temps réel, quels muscles travaillent réellement pendant la respiration, si le diaphragme est insuffisamment actif ou si les muscles accessoires compensent de manière excessive.
Comprendre ces schémas d’activation te permettra d’identifier la cause neuromusculaire de la dysfonction, de rééduquer la respiration et d’améliorer à la fois la fonction respiratoire et le contrôle postural du patient.
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Ce que tu peux analyser avec l’EMG dans la respiration
L’EMG de surface permet d’évaluer trois aspects clés :
1. Activité musculaire respiratoire
Tu peux enregistrer l’activation des principaux muscles respiratoires et accessoires, notamment :
- Diaphragme : moteur principal de l’inspiration.
- Intercostaux externes et internes : stabilisent et dilatent la cage thoracique.
- Scalènes et SCM (sternocléidomastoïdiens) : agissent comme muscles accessoires, utiles en inspiration forcée ou lors de schémas compensatoires.

2. Compensations musculaires et déficits d’activation
Une EMG bien réalisée t’indiquera si le patient respire de manière diaphragmatique ou thoracique, s’il existe une hyperactivité des scalènes ou si le SCM domine sur le diaphragme.
3. Rééducation du schéma moteur respiratoire
Grâce au biofeedback en temps réel, tu peux montrer visuellement au patient son schéma d’activation et lui apprendre à relâcher ou activer les bons muscles.
Guide pratique de placement des électrodes
L’une des erreurs les plus fréquentes en EMG respiratoire est le mauvais placement des électrodes, entraînant du bruit de signal, des données incohérentes et l’impossibilité de comparer les résultats entre les séances.
Exemple :
Placer les électrodes du diaphragme trop bas captera l’activité des abdominaux ; trop latéralement, elles enregistreront les signaux du dentelé antérieur.
La clé est de positionner les électrodes selon l’anatomie fonctionnelle du patient. Voici les repères anatomiques à suivre pour obtenir des données fiables et cliniquement exploitables :

– Diaphragme
Place les électrodes sur les lignes médioclaviculaires, à 2,5 cm au-dessus du bord costal. Cela permet de capter l’activité diaphragmatique sans interférences abdominales.
– Intercostaux
Positionne-les sur la ligne para-sternale, au deuxième espace intercostal. Tu peux les ajuster légèrement latéralement selon la morphologie du patient.
– SCM (sternocléidomastoïdien)Place les électrodes sur le ventre musculaire, à un tiers de la distance entre le sternum et l’apophyse mastoïde. Cette référence limite les interférences des scalènes et améliore la netteté du signal.
✅ Exemple de schéma respiratoire normal
Dans une respiration fonctionnelle, l’activation suit ce modèle :

✔️ Diaphragme gauche et droit >> SCM gauche et droitCela indique que le mouvement respiratoire provient de l’abdomen, avec une implication cervicale minimale, garantissant une respiration efficace et sans compensations.
❌ Exemple clinique : compensation par les muscles accessoires
Un schéma respiratoire anormal typique est celui où le SCM domine sur le diaphragme :

❌ SCM gauche et droit >> Diaphragme gauche et droit
Cela montre que le patient utilise les muscles accessoires pour respirer, ce qui peut provoquer raideur cervicale, dyspnée et douleurs thoraciques.
Implications cliniques
L’électromyographie de surface n’est pas seulement un outil de diagnostic : c’est aussi une méthode de suivi thérapeutique. En physiothérapie respiratoire, elle est particulièrement utile dans les situations suivantes :
- Dysfonctions respiratoires fonctionnelles ou restrictives.
- Réhabilitation cardio-pulmonaire, où il faut évaluer l’efficacité musculaire.
- Patients ventilés ou post-COVID, où la rééducation du diaphragme est essentielle.
De plus, en physiothérapie générale, l’EMG t’aide à corriger les schémas respiratoires altérés qui perturbent la stabilité du core et la biomécanique globale.
Conclusions
L’électromyographie de surface appliquée à la respiration te permet de :
✅ Identifier avec précision les schémas moteurs respiratoires anormaux.
✅ Évaluer objectivement la fonction du diaphragme et des muscles accessoires.
✅ Prendre des décisions cliniques basées sur des données objectives et personnaliser le traitement.
L’intégrer dans tes séances, c’est passer de l’observation subjective à l’évidence mesurable, tout en renforçant la confiance du patient dans ton traitement.
On se retrouve dans le prochain post 🙂

