Rupture du tendon d’Achille : Comment évaluer la fonction musculaire

Lorsqu’une rupture du tendon d’Achille se produit, seulement environ 70 % des patients parviennent à retrouver leur niveau fonctionnel antérieur à la blessure.

L’une des raisons pour lesquelles ils ne se rétablissent pas complètement est la récupération du tendon. Mais aussi, dans de nombreux autres cas, on ne tient pas compte de l’impact de la fonction neuromusculaire du soléaire et du tibial antérieur.

Cette fonction peut être décrite en trois paramètres très simples :

  1. 1. Tonus basal : L’activité musculaire au repos de chaque muscle.
  2. 2. Capacité contractile : La capacité de chaque muscle à s’activer pour générer un mouvement, une certaine force ou stabiliser une articulation.
  3. 3. Synergie musculaire : C’est-à-dire, sa capacité à se coordonner avec d’autres muscles.

Par conséquent, l’objectif de ce post est de vous fournir un guide pour évaluer les altérations musculaires que peut avoir votre patient après une blessure du tendon d’Achille.

D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur les altérations que vous pouvez identifier en utilisant l’électromyographie de surface, ce post vous propose 4 concepts de base sur le recrutement des unités motrices. Il vous aidera à améliorer l’évaluation de la fonction neuromusculaire de vos patients.

Évaluation du tonus basal chez un patient avec rupture du tendon d’Achille.

Je vais vous raconter un cas réel. Nous allons analyser les altérations neuromusculaires d’un patient avec une lésion de l’Achille de sa jambe gauche.

Pour mesurer le tonus basal, le patient doit rester au repos. Positionnez le patient en station debout sans mouvement pendant 30 secondes. Observez les résultats.

tendon d'Achille

Le soléaire gauche a besoin de plus de recrutement. Un muscle faible ou peu résistant nécessitera une activité musculaire excessive pour exécuter une tâche quotidienne telle que se tenir debout, s’asseoir ou même s’allonger. Cela peut indiquer que le soléaire gauche pourrait être plus sujet à la fatigue.

Par conséquent, lors de l’évaluation du tonus basal, vous pouvez émettre l’hypothèse que le côté lésé nécessitera plus de recrutement en raison d’une faiblesse.

Évaluation de la capacité contractile du triceps sural

Le patient effectue 5 répétitions d’élévation des talons (dorsiflexion de la cheville). Il peut le faire en appui bipodal ou unipodal selon sa condition physique. Observez les résultats :

triceps sural

Le résultat indique que le côté lésé (le gauche) présente une activation réduite du soléaire (muscle agoniste) et une co-activation plus élevée du tibial antérieur (muscle antagoniste).

Cela signifie que le soléaire doit augmenter son activation pour réduire celle du tibial antérieur.

Pour évaluer la synergie entre le soléaire et le tibial antérieur, le patient marche dans la salle ou sur un tapis de course pendant 30 secondes.

De nombreuses études ont rapporté une diminution de la flexion plantaire et une augmentation de la dorsiflexion pendant la marche, ce qui a été associé à la rigidité et à l’allongement du tendon.

Encore une fois, nous pourrions observer un schéma d’activation neuromusculaire altéré, se traduisant par une augmentation de l’activité du muscle tibial antérieur et/ou du soléaire (1). Cependant, dans ce cas, regardez les résultats :

Seul le tibial antérieur gauche est un peu plus actif que son homologue sain. Une co-contraction musculaire légèrement augmentée indique une raideur neuromusculaire de l’articulation afin de réduire l’amplitude de mouvement pour plus de sécurité.

On peut déduire de la littérature que le déficit de travail du côté lésé doit être compensé par un travail musculaire concentrique, ce qui entraîne donc un niveau d’activation plus élevé par rapport au côté du tendon sain (2).

Donc…

Une mauvaise fonction neuromusculaire contribue aux altérations de la fonction du patient à moyen et long terme. Par exemple, les résultats de cette étude fournissent des preuves qu’il existe des mauvaises adaptations neuromusculaires persistantes 3,5 ans après l’opération du tendon d’Achille de 52 patients.

Ces changements neuromusculaires se manifestent aussi bien dans des mouvements simples mono-articulaires que dans des mouvements impliquant tout le corps.

Ainsi, même si vous êtes capable de traiter correctement les changements structurels, si vous ne tenez pas compte des altérations neuromusculaires lors de la rééducation après une rupture du tendon d’Achille, vous négligez la base de tout mouvement : l’activité musculaire.

Si vous avez lu jusqu’ici, vous êtes un pas de plus près de maîtriser le contrôle moteur.

Nous nous retrouvons dans le prochain post 🙂

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Bibliographie

  1. Don R, Ranavolo A, Cacchio A, Serrao M, Costabile F, Iachelli M, Camerota F, Frascarelli M, Santilli V (2007) Relationship between recovery of calf-muscle biomechanical properties and gait pattern following surgery for Achilles tendon rupture. ClinBiomech 22:211–220.
  2. Ishikawa M, Komi PV, Grey MJ, Lepola V, Bruggemann G-P (2005) Muscle-tendon interaction and elastic energy usage in human walking. J ApplPhysiol 99:603–608.

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