Parmi les centaines de personnes qui viennent dans votre centre au cours de l’année, il est certain qu’une grande partie d’entre elles sont des coureurs.
Cela vous dira sûrement quelque chose :
« Je ressens une douleur dans cette zone (en se désignant le talon) et j’ai pris rendez-vous parce que je ne peux presque plus marcher. »
Selon les statistiques, la tendinopathie achilléenne est l’une des pathologies les plus courantes chez les personnes qui pratiquent la course à pied.
Cela s’explique souvent par le fait que la majorité des coureurs ne prêtent pas attention à leur technique de course, surestiment leurs capacités et finissent par s’entraîner de manière excessive.
Imaginez-vous commencer à jouer au tennis sans savoir comment tenir une raquette ? Eh bien, dans ce cas, ils commettent la même incohérence sans s’en rendre compte.
En fait, tout aussi incohérent que de ne pas se préparer à la course pour eux, c’est de traiter uniquement la douleur du patient de votre côté.
Si votre seul objectif est de traiter la douleur et que vous ignorez tout ce qui entoure cette affection, tôt ou tard, les douleurs réapparaîtront, le patient se découragera, et il se pourrait qu’il choisisse cette fois de consulter un autre professionnel.
Il est vrai que le rythme effréné du quotidien nous pousse souvent à choisir les thérapies avec lesquelles nous sommes le plus familiers, sans nous arrêter pour réfléchir si elles sont réellement les meilleures pour ce patient en particulier.
Parfois même, nous prescrivons des exercices qui ont bien fonctionné avec d’autres patients, en supposant qu’ils fonctionnent de la même manière pour tous.
Je comprends bien que c’est une réalité que nous rencontrons souvent.
Mais, désolé de vous le dire, cette voie ne mène qu’à une seule issue : l’échec avec votre patient.
Cela dit, tout n’est pas aussi dramatique, n’est-ce pas ?
Dans cet article, vous apprendrez à identifier de manière objective l’une des altérations les plus courantes chez les patients souffrant de tendinopathie achilléenne. De plus, vous découvrirez un plan de rééducation que vous pourrez commencer à appliquer dès maintenant.
Que dit la science sur la synergie gastrocnémien – soléaire ?
Dans l’étude de Pereira, Reginaldo S. et al. (2017), il a été démontré qu’il existe des différences d’activation entre les muscles gastrocnémiens et le muscle soléaire.
En effet, il a été constaté que, généralement, dans les exercices de flexion plantaire, les gastrocnémiens doivent s’activer davantage que le soléaire.
Maintenant que nous savons cela, utiliser un électromyographe rendra très simple la détection d’une bonne synergie entre le gastrocnémien médial et le soléaire.
Voici deux formules que vous pouvez utiliser pour évaluer cette synergie :
Formule 1 : Mesurer le gastrocnémien médial et le soléaire lors d’exercices de flexion plantaire
Commencez par des mouvements sans charge sur la table, puis progressez vers des exercices chargés, comme les montées sur la pointe des pieds en appui unipodal.
Résultats du Test sur la Pointe des Pieds (Monopodal)
Vous trouverez ci-dessous le résultat du test de montée sur la pointe des pieds en appui unipodal d’un patient coureur de trail, qui présente une tendinopathie achilléenne et des symptômes de surcharge au niveau du triceps sural.
À première vue, il semble en effet que le soléaire droit ait plus de force ou un meilleur tonus que son homologue gauche, n’est-ce pas ?Mais, attention, ne tirons pas de conclusions hâtives ! Jetons un œil à la formule 2 avant d’interpréter les résultats.
Formule 2 : Comparer le soléaire et le gastrocnémien médial
Avant de tirer des conclusions, il est essentiel de comparer l’activité du soléaire avec celle du gastrocnémien.
Si l’on considère ce que dit la science sur la relation entre l’activation de ces deux muscles (Gastrocnémien Médial > Soléaire), il devient clair que le soléaire droit n’est pas seulement plus fort, mais qu’il présente également une coactivation excessive.
Maintenant, vous allez apprendre un plan possible pour améliorer ses symptômes et rééduquer la fonction neuromusculaire.
Plan de 4 exercices pour rééduquer la synergie
Avant de commencer, je vais te donner trois clés importantes.
La première est qu’il sera fondamental de trouver des exercices de flexion plantaire qui entraînent une activation du gastrocnémien médial supérieure à celle du soléaire. Pour cela, il est essentiel de disposer d’un électromyographe.
Dans notre cas, tous les exercices ont été mesurés par électromyographie pour déterminer s’ils étaient utiles ou non.
La seconde clé est d’utiliser trois types d’exercices en fonction des capacités à améliorer. Par exemple, nous chercherons à travailler la stabilité, la proprioception et enfin la force.
Enfin, si tu utilises un électromyographe, n’oublie pas que tu peux utiliser le biofeedback pour guider ton patient pendant les exercices et obtenir une meilleure activation du gastrocnémien médial par rapport au soléaire.
Je te propose trois types d’exercices en fonction de ces capacités :
- Équilibre sur BOSU. (STABILITÉ)
- Descente d’escaliers contrôlée. (PROPRIOCEPTION)
- Montées sur la pointe des pieds en appui unipodal. (FORCE)
N’oublie pas que si tu ne traites que la douleur, tu n’es pas différent d’un ibuprofène. Rééduque les principales fonctions de ton patient pour assurer une bonne récupération.
NOTE : Il est important de prendre en compte l’existence d’une inflammation du tendon et de faire attention aux charges. Concentre-toi sur la réalisation des exercices de manière lente et contrôlée.
Si tu souhaites obtenir toutes les informations sur l’équipement d’électromyographie mDurance, c’est ici.