Un professionnel de la santé et de l’exercice doit être un expert en évaluation.
Les changements fonctionnels qui surviennent après une chirurgie de la hanche et son immobilisation sont bien connus. Cependant, les évaluations fonctionnelles, consistant à évaluer la fonction physique (c’est-à-dire la capacité à effectuer des activités quotidiennes) et la fonction musculaire, ne sont généralement pas réalisées en pratique clinique.
Avoir des informations sur la capacité et la fonction musculaire de la hanche est très important pour la plupart des applications cliniques en pratique, par exemple pour :
- – Évaluer des troubles spécifiques tels que la dysplasie de l’acétabulum ou l’inhibition musculaire iatrogène.
- – Évaluer objectivement l’impact d’une opération ou d’une intervention thérapeutique.
- – Examiner les mécanismes expliquant la faiblesse musculaire et
- – Détecter tout facteur prédisposant pouvant conduire à une nouvelle blessure.
Ces applications illustrent l’importance critique de la quantification précise de la fonction musculaire de la hanche en pratique clinique.
Les 3 tests fonctionnels basés sur la fonction musculaire qui amélioreront votre évaluation de la hanche
Vous allez apprendre à travers un cas clinique, 3 tests clés pour évaluer de manière objective la fonction musculaire des muscles abducteurs de la hanche.
La fonction musculaire du moyen fessier et du tenseur du fascia lata (TFL) est primordiale pour la stabilité de la hanche et pour la marche. La faiblesse des muscles abducteurs entraîne souvent une récupération lente et incomplète ainsi qu’un déclin fonctionnel après une opération de la hanche.
Concentrons-nous maintenant sur le cas clinique et le protocole. Nous avons un patient qui a été opéré de la hanche droite et à qui l’on a posé une prothèse. Une faiblesse iatrogène peut augmenter l’instabilité de la hanche et accroître le stress chez les patients porteurs de prothèses.
L’augmentation de l’effort musculaire de ces muscles peut devenir progressivement plus difficile à surmonter pour les patients âgés.
Voici les 3 tests que nous recommandons pour évaluer les performances musculaires :
1. Abduction isométrique en décubitus latéral avec résistance manuelle.
— Objectif : Tout comme vous l’avez appris dans l’article sur l’évaluation des patients souffrant de entorses de la cheville, utiliser un test isométrique avec résistance manuelle vous aidera à évaluer la force totale de l’articulation.
Dans ce cas, lorsque vous utilisez une abduction isométrique de la hanche, vous pourrez évaluer la force d’abduction de la hanche et détecter s’il existe un déficit de force et une inhibition du moyen fessier, une suractivation du tenseur du fascia lata ou les deux.
– Comment exécuter le test ? : Le patient est allongé sur le côté et effectue une abduction pendant que vous exercez une résistance dans la direction opposée. La contraction dure entre 6 et 10 secondes.
– Résultat : Si vous avez un dynamomètre, vous pouvez mesurer la force de manière objective. Sinon, vous pouvez à nouveau utiliser une échelle de 0 à 5 pour noter chaque côté (0 = pas de force, 5 = force maximale).
Dans notre cas, nous constatons que le patient présente une force similaire entre les deux jambes :
Jambe gauche : 4
Jambe droite : 4
Si nous croisons ces données avec ses résultats neuromusculaires que nous avons mesurés avec l’EMG de surface, nous constatons qu’il présente une activité très symétrique entre les deux moyens fessiers.
Par conséquent, dans ce test, nous ne trouvons pas de résultats significatifs entre une hanche et l’autre.
3. Abduction dynamique en décubitus latéral.
— Objectif : Dans ce cas, ce test vise à évaluer la mobilité de la hanche dans le plan d’abduction, la fonction de mobilisation du moyen fessier et du tenseur du fascia lata (TFL), à détecter s’il existe un déficit de mobilité dans l’une des jambes et à identifier une inhibition ou une hyperexcitation du moyen fessier et du TFL.
— Comment exécuter le test ? : Le patient reste allongé sur le côté. Il effectue 10 répétitions, 5 lentes et 5 rapides d’abduction de la hanche.
– Résultat : Si vous disposez d’un goniomètre, vous pouvez mesurer la mobilité de manière objective. Sinon, vous pouvez à nouveau utiliser une échelle de 0 à 5 (0 = pas de mobilité, 5 = amplitude de mouvement complète).
Notre patient présente un déficit de mobilité dans sa jambe droite que nous pouvons mesurer avec le capteur inerte de mouvement de mDurance.
De plus, si nous croisons l’information avec son activité musculaire, il est très facile de détecter qu’il s’agit d’une inhibition de son moyen fessier.
L’objectif avec ce patient sera d’augmenter la mobilité en abduction de la hanche en augmentant l’activité musculaire de son moyen fessier.
3. Squat unipodal
— Objectif : Évaluer la stabilité de la hanche et la fonction stabilisatrice du moyen fessier et du tenseur du fascia lata.
— Comment exécuter le test ? : Le patient effectue 5 répétitions avec une jambe, puis 5 autres avec la jambe opposée.
– Résultat : Si vous disposez d’une plateforme de pression, vous pouvez mesurer la stabilité de manière objective. Sinon, vous pouvez à nouveau utiliser une échelle de 0 à 5 (0 = faible stabilité, 5 = stabilité maximale).
Le patient présente moins de stabilité dans sa jambe blessée (la droite).
Jambe gauche : 4
Jambe droite : 2
Quelle est la prochaine étape ?
Exactement, croisez à nouveau l’information avec son activité musculaire. Bingo ! Encore une fois, le patient a moins d’activité musculaire, ce qui provoque un déficit de stabilité dans son moyen fessier et son tenseur du fascia lata.
Encore une fois, l’objectif avec ce patient est d’augmenter la stabilité de sa hanche droite en augmentant l’activité de sa musculature stabilisatrice.
Conclusion
Comme je l’ai mentionné au début, un professionnel de la santé doit être un expert en évaluation.
Si vous ne prenez en compte que les variables subjectives du patient ou même si vous ne prenez en compte que des variables telles que la force ou la mobilité, cela peut générer beaucoup de doutes sur le plan de récupération le mieux adapté à votre patient. Par conséquent :
Il est important d’évaluer la performance musculaire pour élaborer un bon plan de récupération.
Mesurer la progression de vos patients vous aide à comprendre si votre plan fonctionne et à décider quand passer à la phase suivante ou à augmenter la charge de travail.
Si vous prenez en compte la fonction musculaire, vous améliorerez les soins que vous prodiguez et les patients auront plus confiance en eux-mêmes, ce qui est très important surtout dans ce type d’opérations.
À bientôt dans le prochain article 😉
Bibliographie:
(1) Terwee CB, Mokkink LB, Steultjens MP, Dekker J . Performance-based methods for measuring the physical function of patients with osteoarthritis of the hip or knee: a systematic review of measurement properties. Rheumatology (Oxford). 2006;45:890-902.
(2) Sapega AA. Muscle performance evaluation in orthopaedic practice. J Bone Joint Surg Am. 1990;72:1562-74.
(3) Leunig M, Siebenrock KA, Ganz R . Rationale of periacetabular osteotomy and background work. Instr Course Lect. 2001;50:229-38.
(4) Maffiuletti, Nicola A., PhD1 Assessment of Hip and Knee Muscle Function in Orthopaedic Practice and Research, JBJS: January 2010 – Volume 92 – Issue 1 – p 220-229 doi: 10.2106/JBJS.I.00305.