Fatigue musculaire locale : découvrez comment la mesurer chez vos patients

La fatigue est l’un des facteurs de risque clés dans la survenue de lésions non traumatiques.

À mesure que la fatigue apparaît, les sportifs peuvent modifier leurs schémas d’activation musculaire pour maintenir leurs performances. Cela peut, à son tour, entraîner des changements cinématiques conduisant à une charge articulaire inadaptée (1).

Bien qu’il existe différents types de fatigue, dans ce post, vous apprendrez à évaluer la fatigue musculaire locale à travers le recrutement des unités motrices.

Comment évaluer la fatigue musculaire des ischio-jambiers

Le patient d’aujourd’hui est un homme qui pratique régulièrement un sport et qui ressent des inconforts au niveau des ischio-jambiers de sa jambe gauche après les entraînements.

L’objectif est d’évaluer l’effort neuromusculaire que représente l’entraînement à travers un test simple et sans charge. Dans ce cas, vous pouvez évaluer les ischio-jambiers (biceps fémoral et semi-tendineux) en utilisant un test de flexion du genou en décubitus ventral sans charge.

Avant le test : Utilisez comme référence une flexion isométrique du genou en décubitus ventral

Avant de réaliser ce test, vous avez besoin d’une référence de contraction maximale pour normaliser l’intensité du travail (rappelez-vous qu’il s’agit de la contraction maximale volontaire). Pour cela, vous allez utiliser un test de flexion isométrique du genou à 45 degrés (à 90 degrés, il est plus probable que les ischio-jambiers soient beaucoup sollicités) contre une résistance manuelle.

Vous demanderez au patient de produire une force maximale pendant 5 à 10 secondes d’abord avec une jambe, puis avec l’autre. Dans notre cas, voici le résultat.

Fatigue musculaire locale

Il n’y a pas de différences significatives dans le recrutement des muscles d’une jambe à l’autre.

Flexion dynamique du genou en décubitus ventral

Maintenant, le sportif effectue la flexion du genou sans charge. D’abord 5 répétitions avec une jambe, puis avec l’autre. Observez le graphique.

Fatigue musculaire locale

Si vous comparez l’intensité de l’activité musculaire des muscles gauche et droit, vous remarquerez qu’elle est très similaire.

À ce stade, le patient effectue son entraînement habituel et, une fois terminé, revient pour que vous puissiez évaluer avec le même test.

Voici les résultats de la jambe gauche, celle qui présentait des inconforts à la fin de l’entraînement.

biceps femoral

Qu’est-ce qui s’est passé ? Remarquez que les deux muscles doivent recruter beaucoup plus de fibres pour effectuer le même mouvement (ligne bleue foncé et gris). Par conséquent, les muscles sont moins efficaces, l’une des caractéristiques de la fatigue musculaire locale (2).

De plus, si vous examinez l’intensité de l’activité musculaire, il est très inhabituel qu’un sportif entraîné atteigne 80 % d’intensité de travail avec une simple flexion du genou sans charge.

En fait, c’est un niveau d’activité très similaire à celui de la flexion du genou avec résistance que nous avons vu dans le premier graphique. Réfléchissez-y, il a la même activité musculaire lorsqu’il effectue une contraction maximale volontaire que lorsqu’il la fait sans charge.

semitendineux

Si vous avez des doutes sur le résultat d’un test avec EMG, une ressource très utile est de le comparer à un autre test comme nous l’avons fait dans l’exemple précédent.

Par conséquent, je vous propose deux possibles approches de travail avec ce sportif :

Premièrement, un travail de décharge pour soulager les symptômes et réduire l’hyperactivité que vous constatez.

Deuxièmement, rechercher les origines possibles, comme par exemple une inhibition du grand fessier dans le schéma d’extension de la hanche.

Conclusion

Vous savez maintenant que la fatigue est un facteur de risque dans les lésions non traumatiques en raison des altérations neuromusculaires qu’elle peut provoquer.

Vous avez appris comment quantifier l’activité musculaire et comment elle change lorsque la fatigue musculaire locale intervient (2).

Gérer cette information vous permet de décider quelles techniques appliquer pour améliorer les symptômes et d’enquêter pour localiser l’origine possible de ces altérations.

Bibliographie:

1. Dingwell, J. B., Joubert, J. E., Diefenthaeler, F., & Trinity, J. D. (2008). Changes in muscle activity and kinematics of highly trained cyclists during fatigue. IEEE Transactions on Biomedical Engineering, 55(11), 2666-2674.

2. Kim, G., Ahad, M. A., Ferdjallah, M., & Harris, G. F. (2007, March). Correlation of muscle fatigue indices between intramuscular and surface EMG signals. In Proceedings 2007 IEEE SoutheastCon (pp. 378-382). IEEE.