Inefficacité vs inhibition musculaire: guide pas à pas

L’inhibition et l’inefficacité musculaire sont des mécanismes de défense du système nerveux central (SNC) en réponse à une blessure.

L’inhibition « bloque » le muscle qui devrait s’activer pendant un mouvement, tandis que l’inefficacité « surchauffe » le muscle en l’excitant de manière excessive pour compenser la faiblesse d’un autre muscle.

Mais le pire, c’est que ces deux conditions EMPÊCHENT ou RETARDENT le processus de rééducation.

Par exemple, si la thérapie que vous proposez vise à AUGMENTER l’activité d’un muscle déjà très actif, elle ne fonctionnera pas et pourrait même aggraver la situation.

De même, appliquer une thérapie pour RÉDUIRE l’activité d’un muscle qui n’est pas très actif n’aurait pas NON plus de sens.

Ainsi, si vous voulez maîtriser ce que vous faites, il est essentiel de distinguer entre inhibition et inefficacité.

Dans cet article, vous trouverez un guide, étape par étape, afin de vous aider à faire la distinction entre ces deux concepts et à accélérer la récupération de vos patients.

Qu’est-ce que l’inhibition musculaire ?

C’est une réponse du SNC qui désactive les muscles agonistes d’une articulation, provoquant des déficits de force et/ou une atrophie. En pratique, cela signifie que le muscle blessé génère moins d’activité musculaire qu’un muscle sain.

Qu’est-ce que l’inefficacité musculaire ou l’excès de coactivation ?

C’est une réponse du SNC qui déclenche une activité musculaire excessive chez les muscles agonistes ou synergistes pour produire un mouvement ou une force. Dans ce cas, un ou plusieurs muscles blessés nécessitent plus d’activité musculaire que les muscles sains pour effectuer le même mouvement.

D’ailleurs, si vous souhaitez apprendre d’autres concepts que vous pouvez utiliser avec l’électromyographie de superficie, je vous conseille de regarder ce post: 4 concepts clés du recrutement des fibres musculaires.

Alors, quelle est la clé pour distinguer entre inhibition et inefficacité ? La clé pour différencier ces deux phénomènes réside dans l’évaluation de plusieurs capacités physiques pour compléter l’analyse du patient.

Les capacités physiques les plus courantes sont la force générée par l’articulation, la puissance, l’amplitude articulaire, la stabilité, la vitesse et l’endurance.

En corrélant les informations de ces variables physiques avec l’activité musculaire des muscles impliqués, vous pouvez assembler toutes les pièces du puzzle pour :

  • – Comprendre la blessure.
  • – Choisir la meilleure thérapie.
  • – Sélectionner le meilleur plan d’exercices.

CONSEIL :

Rappelez-vous que chaque variable physique peut être quantifiée à l’aide d’un outil de mesure objectif. Toutefois, si vous n’avez pas ces outils, vous pouvez utiliser des échelles de 1 à 10, comme nous le verrons plus loin.

Exemple 1 : Force et activité musculaire

Si vous avez un patient avec une blessure au genou, l’évaluation de sa force articulaire lors d’une extension du genou est une pratique courante.

Dans l’exemple qui va suivre, le patient a une lésion dans l’un de ses genoux.

Étape 1 : Évaluation de la force articulaire

Pour évaluer cette capacité, nous réalisons une extension de genou isométrique. D’abord avec une jambe, puis avec l’autre.

Si vous disposez d’un dynamomètre, mesurez les Newtons générés par chaque genou. Sinon, vous pouvez utiliser votre perception et noter de 0 (aucune force) à 10 (force maximale) la force produite par chaque genou.

Pour cet exemple, voici le résultat obtenu:

inhibition musculaire

Les deux genoux génèrent la même force. Hypothétiquement, nous pourrions affirmer que cela semble correct et passer à l’étape suivante voire même libérer le patient.

Étape 2 : Mesurez l’activité musculaire en utilisant le même test 

Si vous mesurez l’activité musculaire produite par le vaste médial et latéral de chaque jambe, vous pourriez obtenir un résultat comme celui-ci :

Étape 3 : Croisez les informations 

Observez que la jambe droite présente un déséquilibre beaucoup plus marqué entre le vaste médial et latéral par rapport à la jambe gauche.

Ainsi, bien que les deux jambes produisent la même force, elles ont un schéma de recrutement musculaire totalement différent.

Cela indique une inefficacité musculaire ou un excès de coactivation du vaste latéral droit. 

Votre objectif devrait être de rééduquer le schéma de mouvement pour réduire l’implication du vaste latéral.

Exemple 2 : Amplitude articulaire et activité musculaire

Si vous souhaitez évaluer l’amplitude articulaire de manière objective, vous aurez besoin d’un goniomètre ou d’outils d’enregistrement vidéo (souvenez-vous que mDurance fournit ces deux outils 😉 .

Dans cet exemple, vous avez un patient avec une blessure à l’épaule qui présente la même mobilité avec les deux bras.

En évaluant la synergie deltoïde-trapèze, vous pouvez observer que la fonction est complètement inversée. Rappelez-vous que le deltoïde est l’agoniste de la flexion de l’épaule et doit donc s’activer davantage que le trapèze supérieur.

Sur le bras gauche (sain), le deltoïde antérieur est le moteur principal du mouvement, suivi du trapèze supérieur.

En revanche, du côté droit (blessé), le trapèze supérieur prend le dessus. 

Vous êtes donc face à une inhibition du deltoïde et devriez le renforcer pour réduire l’activité du trapèze supérieur.

Ainsi, ne pas tenir compte de l’activité musculaire pourrait masquer la base de tout mouvement: l’activité musculaire.

En conclusion…

Ne considérer que les capacités physiques de vos patients est une erreur. 

Un déficit physique peut provenir d’une inhibition ou d’une inefficacité des muscles agonistes et synergistes d’une articulation.

Traiter toutes les blessures de la même manière est un modèle simpliste qui garantit de moins bons résultats. 

Prenez en compte l’activité musculaire pour mieux comprendre les blessures de vos patients et choisir le meilleur plan de rééducation.

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À bientôt dans le prochain post 😉