Les entorses de cheville sont des blessures musculo-squelettiques courantes et potentiellement incapacitantes qui mènent souvent à une instabilité chronique de la cheville.
En effet, l’instabilité chronique de la cheville est liée à des déficits dans le contrôle postural et neuromusculaire.
En fait, tes patients souffrant d’une entorse de cheville peuvent développer des stratégies compensatoires pour équilibrer une faiblesse des muscles affectés (généralement les muscles stabilisateurs).
Dans ce post, tu vas apprendre comment une entorse de cheville affecte généralement le système neuromusculaire de tes patients.
D’ailleurs, si tu es une personne qui cherche à optimiser la rééducation avec des données basées sur des preuves musculaires et que tu veux améliorer tes évaluations, tu peux obtenir toutes les informations sur le système d’électromyographie mDurance ici.
Que dit la bibliographie sur l’instabilité de la cheville ?
Dans un large pourcentage des cas, l’instabilité de la cheville peut avoir son origine dans un déficit des muscles stabilisateurs de la cheville, tels que le long et court fibulaire (1).
De plus, cette altération peut provoquer des douleurs ou même empêcher ton patient d’effectuer des mouvements quotidiens habituels tels que:
- Porter des talons.
- Se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre un objet en hauteur.
- Ou simplement monter et descendre des escaliers.
Pour cette raison, il est crucial de se concentrer sur l’évaluation de cette musculature.
Notre conseil : Évalue le fibulaire long et court des deux chevilles, saine et affectée, et COMPARE leur activité.
Et comme tout est plus clair avec un exemple, quoi de mieux que de le découvrir à travers un cas réel.
Évaluation d’un cas réel d’entorse de cheville.
Je te présente Raquel (35 ans), une femme qui pratique du sport de manière sporadique, ayant une entorse de cheville diagnostiquée à sa cheville gauche suite à une chute en moto.
Voici les 4 tests pour détecter une altération de ses fibulaires.
1. Éversion de cheville
❌ long et court fibulaire gauche < long et court fibulaire droit.
D’un point de vue visuel, aucune anomalie n’est observée dans la fonction everseuse, mais si nous mesurons, l’activation du côté lésé est bien inférieure à celle de son côté controlatéral sain.
2. Élévation des talons en position debout
❌ long et court fibulaire gauche < long et court fibulaire droit.
Le péroné long et court gauche (cheville avec entorse) s’active moins que le péroné long et court de la jambe saine.
Par conséquent, il y a un déficit d’activation des deux péronés.
3. Monter et descendre les escaliers
❌ court gauche fibulaire < court droit fibulaire.
Le court fibulaire de la jambe lésée (gauche) s’active considérablement moins que le péroné court droit, tandis que dans cet exercice, le péroné long des deux jambes s’active de manière symétrique.
Dans ce cas, il y a uniquement un déficit d’activation du péroné court gauche.
4. Marcher
Il se passe quelque chose de très similaire aux tests 1 et 2.
❌ long et court fibulaire gauche < long et court fibulaire droit.
Le long et le court fibulaire gauche (cheville avec entorse) s’activent moins que le péroné long et court de la jambe saine. Ils présentent un déficit d’activation.
Par conséquent
Le déficit d’activité des péronés se manifeste dans les tests où la cheville doit stabiliser et dans l’éversion.
Ces résultats te donnent un point de départ initial clair : augmenter l’activité des péronés long et court de la cheville lésée.
Et à ce stade, tes connaissances et ton expérience sont essentielles pour choisir la meilleure solution.
Rappelle-toi, si tu ne traites que la douleur, tu n’es pas très différent d’un ibuprofène.
On se voit dans le prochain post.
Bibliographie
1.- Jaber H, Lohman E, Daher N, Bains G,Nagaraj A, Mayekar P, et al. (2018) Neuromuscular control of ankle and hip during performance of the star excursion balance test in subjects with and without chronic ankle instability.