À ce stade, si vous avez déjà lu ce blog, vous savez probablement qu’aborder uniquement la douleur d’un patient dans son processus de récupération est un modèle simpliste.
En effet, de plus en plus de professionnels orientent l’évaluation et le traitement de la douleur vers la modification du contrôle moteur et de la musculature grâce au mouvement.
Et je sais bien, ce n’est pas facile de convaincre votre patient de s’engager dans votre programme d’exercices, surtout lorsqu’il sait que les résultats de son amélioration arriveront à moyen terme.
Qui plus est, une des croyances les plus répandues est que votre patient souhaite que vous éliminiez ses douleurs immédiatement. Et, dans une certaine mesure, ce n’est pas illogique.
Mais en tant que professionnel du mouvement, il est de votre devoir de lui faire comprendre qu’il doit se concentrer sur d’autres problèmes que la douleur pour éviter que ces gênes ou la lésion elle-même ne réapparaissent.
Heureusement, vous disposez d’outils très puissants (en plus des exercices) qui peuvent vous aider à produire des changements dans l’activité musculaire de votre patient et, bien sûr, à réduire la douleur.
L’un de ces outils est la neuromodulation percutanée échoguidée.
Dans cet article, vous allez comprendre comment elle fonctionne et pourquoi la combiner avec l’électromyographie peut multiplier l’efficacité de vos résultats.
Introduction : qu’est-ce que la neuromodulation percutanée et à quoi sert-elle ?
La neuromodulation percutanée est une technique invasive, peu agressive et pratiquement indolore.
À l’aide d’aiguilles guidées par échographie, des courants électriques de différents voltages sont appliqués au niveau du nerf (selon l’objectif recherché). Cela permet d’obtenir deux types de résultats possibles sur l’activité musculaire :
- – Augmenter l’activité du muscle cible (Protocole LTP)
- – Inhiber le muscle cible (Protocole LTD)
Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous invite à consulter les réseaux sociaux de nos collègues spécialisés en neuromodulation percutanée (NMP), où vous trouverez davantage de détails sur cette technique.
EMG et neuromodulation percutanée : Comment les combiner
La neuromodulation est une technique extrêmement efficace, mais comme pour toutes les thérapies, il est essentiel de savoir comment et quand l’utiliser correctement. C’est ici que l’électromyographie (EMG) joue un rôle fondamental. Je vais vous expliquer cela à travers deux exemples pour que ce soit plus clair.
Exemple pratique : Renforcement du grand fessier
Un patient se présente dans votre centre en signalant des douleurs au niveau des ischio-jambiers. Comme vous l’avez déjà appris sur cette plateforme, le test d’extension de hanche est essentiel pour vérifier si la synergie entre le grand fessier et les ischio-jambiers fonctionne correctement. Rappel : lors du test d’extension de hanche, le modèle d’activation musculaire idéal doit être :
Grand fessier > Ischio-jambiers.
Évaluation initiale avant le traitement par neuromodulation
Dans un premier temps, on réalise un test prétraitement pour analyser la situation à l’aide de l’EMG.
Regardez cette vidéo pour observer les résultats initiaux :
Les ischio-jambiers (semi-tendineux, biceps fémoral) s’activent davantage que le grand fessier ❌
Avec ces informations, vous savez déjà par où commencer. Votre objectif sera d’augmenter l’activation du grand fessier (agoniste) afin de réduire l’activité des ischio-jambiers.
Étape suivante : appliquer le protocole LTP (Potentialisation) sur le grand fessier
En appliquant ce protocole, vous stimulez l’activation du muscle cible, ce qui contribue à rétablir l’équilibre musculaire et à améliorer la coordination fonctionnelle.
Réévaluation post-traitement
Voici les résultats obtenus après le traitement :
Nous avons réussi à ce que le grand fessier s’active davantage que les ischio-jambiers 👌
C’est un excellent point de départ pour réduire la douleur du patient et fournir un stimulus pertinent pour initier un travail musculaire ciblé via des exercices activant davantage le grand fessier, comme les ponts fessiers, les squats, etc.
Exemple pratique : Douleur à l’épaule – Inhibition du trapèze supérieur
Cette fois, une patiente se présente dans votre centre en se plaignant de douleurs à l’épaule gauche. Elle explique qu’elle ressent cette douleur et perçoit une certaine instabilité lors d’exercices au-dessus de la tête (overhead).
Rappel : dans ce type de mouvement, la synergie musculaire attendue est la suivante :
Serratus antérieur > Trapèze supérieur.
Évaluation initiale avant le traitement
Nous avons mesuré l’activité des deux muscles ciblés (le serratus antérieur et le trapèze supérieur) lors d’un mouvement overhead.
Le trapèze gauche s’active presque deux fois plus que son homolatéral lors de certaines répétitions ❌.
Tandis que les muscles dentelés s’activent de manière très similaire.
En utilisant notre raisonnement clinique, ces résultats nous amènent à penser que le trapèze supérieur gauche doit travailler plus que son homolatéral pour réaliser le même mouvement.
Dans ce cas, vous avez également bien compris quelle est la prochaine étape : inhiber le trapèze supérieur gauche avec un protocole LTD (inhibition).
Évaluation post-traitement
Ceci est le résultat après l’application d’un protocole LTD sur le trapèze supérieur gauche.
Tu as réussi à réduire de 50% l’activité de son trapèze supérieur ✅.
Conclusions
La neuromodulation percutanée est un outil très utile et instantané pour réduire ou augmenter l’activité dans les premières phases de la rééducation.
Cependant, n’oublie pas que son effet n’est pas durable dans le temps, donc la seule manière d’obtenir des changements permanents est l’exercice.
L’électromyographie te permet de convertir les symptômes subjectifs de tes patients en objectifs concrets que tu peux améliorer en utilisant ton raisonnement.
Si tu es arrivé jusqu’ici, tu es un pas plus près de devenir un expert en activité musculaire.
Si tu veux obtenir toutes les informations sur l’équipe d’électromyographie mDurance, c’est ici.
On se retrouve dans le prochain post.