4 tests pour évaluer l’instabilité chronique de la cheville. 
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Avez-vous des patients avec une entorse de la cheville ? Dans ce post, vous apprendrez 4 tests fondamentaux pour évaluer la force, la stabilité ou l’instabilité et le contrôle neuromusculaire de cette articulation.

Si vous ne connaissez pas encore les 3 clés pour évaluer le contrôle moteur, je vous laisse ici cet article où je vous l’explique en 3 minutes.

Dans le post d’aujourd’hui, nous abordons une blessure très courante comme l’instabilité chronique de la cheville (entorse latérale).

Bien que les symptômes se résolvent généralement rapidement, environ 40% des personnes qui en souffrent développent des symptômes persistants comprenant douleur, instabilité, perte de fonction ou blessures récurrentes qui entraînent une instabilité chronique de la cheville.

Un contrôle neuromusculaire altéré joue un rôle fondamental dans cette pathologie, tant au niveau proximal (muscles de la hanche) que distal (fibulaires) (1).

Toutes les limitations liées à la force et au contrôle musculaire, à la mobilité articulaire et au contrôle de la position du pied influencent la capacité à maintenir l’équilibre (2). L’un des mécanismes responsables de l’équilibre dans la direction antéro-postérieure est le contrôle musculaire des stabilisateurs de la cheville.

Il existe des preuves affirmant que les temps de réaction de ces muscles jouent un rôle clé dans le contrôle de l’équilibre corporel en position debout (2).

Pour cette raison, vous découvrirez 4 tests de base avec lesquels vous comprendrez cette affection au niveau distal et comment elle est liée à la force et à la stabilité de la cheville.

Cas clinique réel : patient avec instabilité chronique de la cheville.

Imaginez que vous avez un patient de 25 ans présentant une instabilité chronique à sa cheville gauche. Nous allons évaluer le court et le long fibulaire des deux jambes. Ces 4 tests vous donneront une vision globale de tous les déficits physiques et neuromusculaires que pourrait présenter votre patient :

1. Éversion isométrique avec résistance manuelle pour évaluer la force.

L’objectif de ce test est d’évaluer la force des fibulaires de manière isolée. Vous noterez de 0 (pas de force) à 5 (force maximale perçue) la force que génère chaque cheville contre votre main. Je vous recommande d’utiliser toujours la même main pour évaluer les deux chevilles. Si vous avez un dynamomètre manuel, vous pourriez l’utiliser pour évaluer objectivement la force de chaque cheville.

Comment faire le test ? Le patient est assis sur la table d’examen et effectue une éversion isométrique avec résistance manuelle pendant 6 à 10 secondes.

Imaginez que la force de votre patient pour chaque cheville est :

Cheville droite : 5.

Cheville gauche : 2.

Vous pouvez maintenant affirmer que le patient présente un déficit de force à la cheville gauche. Mais qu’en est-il de l’activation de ses fibulaires ?

Si vous observez le graphique suivant et croisez les données de force précédentes avec leurs résultats neuromusculaires que vous avez mesurés avec l’électromyographie de surface (EMG), vous pourriez identifier qu’il présente une inhibition claire qui est responsable de son manque de force par rapport à son côté sain.

cheville
long fibulaire

Par conséquent, l’objectif sera d’augmenter la force de la cheville gauche en utilisant des exercices qui augmentent également l’activité musculaire de ses fibulaires.

2. Appui monopodal pour évaluer la stabilité en statique.

L’objectif de ce test est d’évaluer la stabilité statique de la cheville, la fonction stabilisatrice des fibulaires et de détecter d’éventuelles altérations neuromusculaires dans ces muscles.

Comment faire le test ? Le patient se tient en bipédie avec une seule jambe d’appui pendant 10 secondes. Ensuite, il change de jambe.

Notre patiente ne présente pas d’instabilité visuelle dans aucune de ses chevilles. Cependant, lorsque vous combinez cette donnée avec son activité musculaire, vous pouvez observer qu’elle a besoin de recruter un plus grand nombre de fibres pour effectuer le même mouvement.

C’est une information très importante car elle confirme que sa musculature est inefficace, car elle a besoin de recruter plus de fibres pour accomplir la même tâche.

3. Soulèvement de talons pour évaluer la stabilité en dynamique

L’objectif de ce test est d’évaluer la stabilité dynamique, la mobilité de la cheville et la fonction stabilisatrice des fibulaires.

Comment faire le test ? Le patient effectue au moins 5 répétitions. Vous pouvez ajouter différentes vitesses ou augmenter le poids.

Notre patiente ne présente aucune instabilité ni manque de mobilité visuelle dans ses chevilles, mais elle présente un déficit d’activation du long fibulaire gauche, celui de sa cheville blessée.

C’est un facteur de risque que vous devez prendre en compte pour donner congé à notre patiente.

long fibulaire

4. Atterrissage monopodal pour évaluer la stabilité de la cheville.

L’objectif de ce test est d’évaluer la stabilité de la cheville et la fonction stabilisatrice des fibulaires dans des conditions fonctionnelles de saut. Ce test peut être remplacé par un autre qui convient mieux à votre patient : marcher, courir, un changement de direction, etc.

Comment faire le test ? Le patient monte sur une boîte ou une chaise. Du bord, il tombe au sol en appuyant sur un seul pied. Il exécute au moins 3 répétitions.

Tout comme dans le test numéro 2, nous retrouvons que la patiente a besoin de plus de recrutement dans sa jambe blessée pour effectuer le même travail.

long fibulaire

En résumé…

Il est essentiel de retenir 3 conclusions :

❌ L’activité musculaire est la base du mouvement. Si vous ne prenez en compte que la force, la stabilité ou la perception subjective de votre patient, vous négligez les fondements du mouvement.

✅ Si vous êtes capable de combiner ces variables (force, stabilité, etc.) avec son système neuromusculaire, vous rendrez votre évaluation aussi complète que vos traitements.

✅ Vos patients ne veulent pas seulement réduire ou éliminer leur douleur, mais ils veulent aussi retrouver leur état antérieur à leur blessure. Évaluer leur activité musculaire est essentiel pour renforcer la sécurité du patient et définir un plan personnalisé.

✅ Pour cette raison, vous devez prendre en compte ces valeurs neuromusculaires pour le congé et le changement de phase de vos patients dans leur rééducation.

Enfin, je vous pose une question. Avec les résultats que nous avons obtenus de ce patient, quel programme de traitement proposez-vous ?

On se retrouve dans le prochain post.